Au cœur du cégep de Saint-Laurent, dans un petit cocon qui ne paie pas de mine, Marie-Ève Cossette accueille les mélomanes du pavillon E. Derrière le comptoir du E164, elle répond aux demandes de celles et ceux qui franchissent les portes de « sa » musicothèque, un lieu qu’elle a transformé et mis au goût du jour pour la communauté laurentienne. Rencontre avec une passionnée de musique et d’humains.
Certains lieux ont des petits suppléments d’âme, la musicothèque en fait partie. Non loin de l’entrée, la tisanerie (tout le monde peut apporter son thé) plante le décor : on sait qu’on va passer un moment chaleureux dans lieu de rassemblement et de partage.
Marie-Ève Cossette y est pour quelque chose.
Avant de revenir aux études à 37 ans, Marie-Ève avait déjà une carrière bien établie dans le domaine de la musique. Issue d’une formation musicale en violon, elle a aussi fait ses armes en tant que disquaire chez HMV, et a travaillé dans l’industrie du disque pour un distributeur et un manufacturier. Une série de rebondissements, dont la perte de son emploi et la naissance de son deuxième enfant, l’ont amenée à se réorienter.
C’est en faisant du bénévolat à l’école de sa fille qu’elle a retrouvé l’envie d’apprendre, et de retourner aux études en Techniques de la documentation, gestion de l’information au cégep de Lionel-Groulx. Un retour salvateur sur les bancs de l’école qui lui a ouvert les portes du cégep de Saint-Laurent où elle occupe son poste à la musicothèque depuis 2019.
Ce poste-là, mon nom était écrit dessus ! Je savais que j’étais faite pour ça.
Marie-Ève Cossette n’est pas seulement passionnée de musique, mais aussi d’humains. C’est la raison pour laquelle elle entretient une relation particulière avec les personnes étudiantes en Musique, notamment avec celles qui fréquentent la musicothèque au quotidien. « Comme je les côtoie chaque jour tout au long de leur parcours, je les vois évoluer. Les voir arriver, incertaines et fébriles, puis grandir, affirmer leur personnalité et devenir adultes, c’est super beau. Je me sens privilégiée d’en être témoin », explique-t-elle en souriant. Cette proximité la maintient également jeune d’esprit : « Je vieillis, mais comme la clientèle aura toujours entre environ 18-21 ans, ça me garde jeune d’esprit ! »
La musicothèque : un lieu unique et précieux en soutien à l’enseignement
« Le Cégep fait partie des rares établissements à avoir une musicothèque à part. C’est une belle valeur ajoutée comparée aux autres collèges ! », confie Marie-Ève Cossette. Avec plus de 5 000 livres, des partitions, des BD, et même un espace pour travailler ou flâner, la musicothèque soutient activement l’enseignement des 300 personnes étudiantes en Musique et des 60 personnes enseignantes du département.
Ayant d’abord obtenu un poste temporaire, Marie-Ève a contribué au réaménagement de la musicothèque, un espace qu’elle décrit comme un peu austère à ses débuts. « Je suis fière de ce que l’on a accompli en cinq ans pour transformer cet endroit en un lieu vivant et essentiel pour la communauté. Ça manque encore un peu de couleur, mais ça va venir ! », précise-t-elle. Avec des canapés tout neufs en préparation, elle espère rendre l’espace encore plus accueillant.
Aujourd’hui, ses missions ne se limitent pas seulement à la gestion de la musicothèque, elle joue également un rôle clé dans l’animation du lieu, veillant à ce qu’il devienne un véritable carrefour pour les personnes étudiantes.
Avec une formation musicale qui lui permet d’analyser des partitions, elle garde un lien fort avec la musique, même si elle n’en joue pas activement. « Je ne joue pas tant de musique à côté, mais j’aimerais. J’aime encore analyser une partition et je me sers de ma formation pour aider les personnes étudiantes si elles en ont besoin », confie-t-elle.
Après plusieurs années passées à l’administration de la musicothèque, Marie-Ève Cossette ne se voit pas ailleurs. « J’aime la vie départementale ici, c’est mon petit milieu et j’ai une belle autonomie. J’aime le côté terrain du mode agent de comptoir, où je suis en contact direct avec les personnes étudiantes », conclut-elle avec passion. Un bel exemple de dévouement à la musique et à l’éducation, dans un Cégep qui lui est cher.