« Dès que tu te poses une question sur la qualité de l’environnement autour de toi, forcément ça prend quelqu’un qui s’intéresse au cycle de l’eau. Et ça, c’est nous » explique François-René Bourgeois, enseignant aux Départements d’eau et d’environnement du cégep de Saint-Laurent et chercheur au Centre des technologies de l’eau (CTEAU).
La pollution des cours d’eau, l’eutrophisation des lacs, les flushgates, la protection des bassins versants ou des bandes riveraines sont des expressions qui font régulièrement les manchettes des médias. Et que dire des inondations printanières qui affectent nombre de citoyens, de citoyennes et d’écosystèmes.
Ce sont de tels défis sur lesquels se penchent les équipes de recherche du Centre des technologies de l’eau du cégep de Saint-Laurent. « On a longtemps développé nos villes avec l’objectif de récolter et de canaliser l’eau pluviale le plus rapidement possible pour la rejeter ailleurs » poursuit M. Bourgeois. « On se retrouve à envoyer l’eau à grands coups dans le système hydrique alors qu’elle s’y serait rendue beaucoup plus lentement si l’écoulement s’était fait naturellement ». Cette gestion de l’eau crée énormément de pression sur le réseau lors de grands débits, comme au moment des pluies printanières. « Réduire le volume d’eau envoyé dans le réseau d’égouts permet forcément de réduire la fréquence ou la durée des épisodes de surverses (flushgate) » souligne M. Bourgeois.
M. Bourgeois et son équipe travaillent donc en collaboration avec d’autres organisations pour la réalisation de projets de biorétention. Concrètement, la biorétention implique l’aménagement d’espaces conçus pour recevoir l’eau pluviale et la filtrer ce qui lui permet de réintégrer son système hydrique (nappe phréatique, ruisseau ou autre cours d’eau) à un débit beaucoup plus naturel que lorsqu’elle est canalisée par un système d’égout.
Mohand Ouramdane Mahious, diplômé du Cégep et maintenant technicien au CTEAU, travaille avec M. Bourgeois pour développer la formule idéale du substrat de biorétention. « Le substrat doit bien évidemment ralentir le débit de l’eau, mais il ne faut pas que ce processus ajoute des contaminants dans l’environnement. Je réalise donc des tests en laboratoire pour nous assurer que l’eau qui est renvoyée dans la nature soit saine. »
Pour Mohand, travailler dans le domaine de l’eau, c’est le plus beau des métiers. « C’est un mélange de laboratoire et de travail sur le terrain en ville et en nature. L’eau, ce n’est rien de moins que la vie – il n’y a pas de vie sans eau, et moi j’ai la chance de travailler pour protéger cette ressource. »