Avez-vous déjà entendu la légende selon laquelle une mésaventure médiévale serait à l’origine de la complexité de la règle d’accord du participe passé employé avec l’auxiliaire avoir, communément appelé le PPA ? En effet, un moine, le Sieur de la Festoye, aurait fait une crise épique, par une chaude journée de juillet moyenâgeuse, à cause des participes passés, alors qu’il renversait pour la xième fois son encrier sur son cahier en l’accrochant avec sa grande manche. Lui, il a voulu se simplifier la vie en modifiant une règle incompatible avec son habit. Par contre, il aura complexifié la vie de générations et de générations qui le suivirent ! Gabriel Doré et le SAIDE ont imaginé la scène et nous racontent cette délicieuse histoire dans une capsule humoristique qui vous aidera à ENFIN retenir cette fameuse règle qui fait perdre tant de points dans les rédactions des étudiants !
Le sieur de la Festoye a-t-il réellement existé ? Mis à part dans l’esprit de Gabriel Doré, tuteur au SAIDE et réalisateur, la réponse est non, bien entendu. Il n’en demeure pas moins que la règle du PPA vient gruger des heures et des heures d’enseignement à chaque année, au point où deux anciens enseignants belges ont fait une proposition sérieuse, en 2018, visant l’abolition de l’accord du PPA en tout temps! Il semble toutefois qu’il faudra encore beaucoup de temps pour qu’on en arrive à un tel changement dans la grammaire !
Et que dire de l’orthographe ? On peut affirmer sans se tromper que la dictée a, de tout temps, généré des angoisses sérieuses chez nombre de petits et de grands ! Yves Duteil chante C’est une langue belle avec des mots superbes, qui porte son histoire à travers ses accents. Si les mots de la langue française sont superbes, comme il l’écrit, on peut toutefois dire que leur orthographe est parfois… étonnante, voire… déroutante ! Le son « s », par exemple, peut s’écrire de douze manières différentes, du double « s », en passant par le « ç » jusqu’au « x ». Pas facile de s’y retrouver, particulièrement chez les nouveaux arrivants dont le français n’est pas la langue maternelle.
Notre langue a beaucoup évolué depuis François 1er, celui qui a fait du français la langue officielle de la France, et de nombreuses réformes ont été proposées au fil des siècles, au point où Molière lui-même ne s’y retrouverait plus ! À diverses époques, on en a fait un outil politique, la complexifiant volontairement dans le but avoué de distinguer les grands esprits des ignares. Dans cette vision, l’avenir appartient à celui qui maitrise le code !
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On a souvent l’impression, par ailleurs, que si on simplifie l’orthographe, on verra s’appauvrir notre belle langue. Une question s’impose : la richesse d’un mot vient-elle de la manière dont il est écrit ?
Toutes les langues ne sont pas aussi complexes. En effet, pour plusieurs d’entre elles, dont le turc, un son équivaut à une lettre, de sorte qu’en entendant un mot pour la première fois, on sait déjà comment l’orthographier ! Peut-on dire de ces langues qu’elles sont pauvres ?
Ces réflexions, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, deux enseignants belges ayant étudié la linguistique (les mêmes qui sont à l’origine de la tentative d’abolition de l’accord du PPA), en ont fait un spectacle-conférence au cours duquel ils se penchent sur le rapport des francophones au code, soulignant la rigidité avec laquelle on traite cette question.
Tu fantasmes secrètement sur une simplification de l’orthographe ? Écoute cet extrait de leur présentation : plaisir garanti !
Enfin, si comprendre l’histoire du français ne nous aide pas à apprendre plus rapidement notre langue ou notre grammaire, il n’en demeure pas moins que cela peut au moins nous donner une meilleure compréhension de l’état actuel de notre langue. À partir de là, qu’est-ce qu’on fait ? On améliore ses techniques de révision, on demande de l’aide au centre Alpha et on utilise Antidote le plus souvent possible !
À propos de l’auteure
Annie Gingras est enseignante de littérature au département de français du cégep de Saint-Laurent depuis une quinzaine d’années. Elle affectionne la littérature contemporaine et s’intéresse beaucoup à la bande dessinée. Responsable de la valorisation de la langue au collège depuis quelques années, elle cherche à mieux comprendre comment soutenir les étudiants en difficulté en lecture et en écriture dans toutes les disciplines, entre autres en trouvant des stratégies pour améliorer leur niveau de littératie.
Sur une île déserte, elle apporterait certainement Les Hauts de Hurlevent de Brontë, les romans de Baricco, quelques bandes dessinées, Le jardinier-maraîcher de Jean-Martin Fortier et une pelle… Parce qu’il faut bien savoir allier ses passions littéraires et son côté pratico-pratique!
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