Avant de devenir conseillère pédagogique, Martine Régis envisageait de se lancer dans une carrière en développement et coopération internationale. Mais la réalité du terrain lui a permis de réaliser que ses ambitions professionnelles étaient ailleurs. Rencontre avec une pépite du Service de la recherche et du développement pédagogique (SRDP).
De retour de Bolivie en 2019, après un mandat à titre de chargée de projet pour une ONG québécoise, Martine prend la décision de devancer son projet d’enseigner au collégial. « J’ai suivi un microprogramme de 2e cycle en enseignement postsecondaire (à l’Université de Montréal) et j’ai fait un stage d’enseignement au cégep Gérald-Godin. C’est grâce à un professeur du microprogramme que j’ai découvert le rôle des conseillères et conseillers pédagogiques. » En parallèle au microprogramme, la trentenaire a travaillé sur un projet de plateforme en ligne de conseils pour l’enseignement supérieur à Polytechnique Montréal, ce qui lui a donné la piqûre pour la pédagogie bien plus que pour l’enseignement.
Profession : CPé
Depuis 2022, elle a la chance de travailler au cégep de Saint-Laurent et prend son rôle de conseillère pédagogique (CPé) très à cœur. « C’est un métier de relations où il faut être disponible, guider plutôt qu’imposer, être en posture d’écoute et d’empathie, instaurer un climat de bienveillance, avoir de l’ouverture, faire de la rétroaction, questionner, etc. », détaille la Montréalaise. Elle ajoute que c’est aussi un métier polyvalent qui implique une grande variété de tâches avec des dossiers et des responsabilités variées entre les sessions et entre les collègues, mais aussi entre les cégeps.
D’un naturel discret et d’une force tranquille, Martine estime que la posture de conseillère pédagogique lui correspond parfaitement.
« On est le bras droit de la Direction des études, mais aussi des équipes de programmes et des personnes enseignantes que l’on accompagne. C’est un métier qui nécessite d’être rassembleur et d’encourager la coopération, je trouve que ça me ressemble plutôt bien ! »
Interrogée sur la manière dont une personne conseillère pédagogique peut ou non influencer le travail d’une personne enseignante, elle estime que cela ne fait aucun doute. « Mais est-ce que cela mène toujours à des changements ou des modifications concrètes ? Pas forcément. L’influence que l’on exerce peut être directe ou indirecte, à court terme comme à plus long terme. Cela dépend du point de départ et des besoins de la personne, mais aussi des équipes avec qui l’on travaille. L’essentiel c’est que ça mijote dans leur tête. Elles sont quand même influencées, d’une manière ou d’une autre. Et c’est ça la beauté de notre métier à mon avis : avoir la possibilité d’influencer, d’encourager l’ouverture au changement, et d’être vecteur de changement pédagogique. »
S’il lui arrive parfois d’être questionnée sur son âge ou sur son parcours, cela lui donne surtout l’occasion de prouver qu’il y a plus d’une façon de devenir conseillère ou conseiller pédagogique. « C’est vrai que, traditionnellement, on “devenait” CPé après une carrière en enseignement, mais le profil d’aujourd’hui est beaucoup plus diversifié et on provient d’horizons très variés ! Pourtant, notre rôle reste méconnu et parfois peu reconnu. C’est un métier pour lequel il n’y a pas de formation initiale mis à part le microprogramme de 2e cycle en conseil pédagogique au collégial (MCPC) de Performa. On apprend souvent sur le tas. Mais cela n’enlève rien à nos compétences ! Même si je n’ai pas eu une longue carrière en enseignement, j’aime croire que mes connaissances en pédagogie, mes compétences accumulées au fil de ma carrière variée et mon savoir-être peuvent faire de moi une conseillère pédagogique dite “de carrière”, sans avoir emprunté le chemin traditionnel. »
Une part active de la communauté
Enfin, en plus de sa mission pédagogique, Martine apprécie aussi le fait de pouvoir faire des rencontres et de créer des liens dans l’informel : les activités sportives (Crossfit, HIIT, course Saint-Laurent), les activités en lien avec la grève de l’automne 2023 (service de garde), les 5 à 7, le colloque annuel de l’AQPC, les partys de Noël et d’été, etc. « Ce sont tous des moments pour créer des liens avec des personnes que je n’aurais normalement pas eu l’occasion de croiser. Et cela finit par être bénéfique pour les relations de travail aussi. Mention spéciale à l’équipe du SRDP en général étant donné que je côtoie mes collègues au quotidien ! On forme une petite équipe variée et polyvalente. On se fait confiance et on reconnait nos forces et nos faiblesses : on sait comment se rehausser pour faire ressortir le meilleur de chaque personne. »
Quand on lui demande où elle se verrait dans 5 ou 10 ans, elle évoquer l’idée de se perfectionner davantage en pédagogie et à titre de conseillère pédagogique. « J’aimerais aussi me trouver un créneau pédagogique pour publier et écrire dans Pédagogie collégiale. Cela dit, j’ai toujours un peu le même enjeu : avoir suffisamment de temps pour la veille pédagogique et rester à l’affût des avancées et des nouveautés en pédagogie tout en complétant notre charge de travail (et les échéances qui viennent avec). » À suivre…
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