Cette année, le Cégep entame sa planification stratégique pour la période 2021-2026. Il s’agira d’un grand travail collectif dans le cadre duquel toute la communauté aura l’occasion de contribuer à la conception du cégep de Saint-Laurent de demain. Nous profitons de l’occasion pour revenir sur les coups de cœur qui ont marqué le bilan du dernier Plan, question de mettre en valeur les réussites de la communauté, mais aussi pour que les bons coups puissent servir de source d’inspiration lors des consultations à venir.
Il y a cinq ans, le Cégep avait identifié dans ses orientations le désir de soutenir la réussite éducative et d’innover dans les programmes et services pour assurer sa place en enseignement supérieur. La diversification des méthodes pédagogiques a tenu un rôle tout particulier dans ce contexte.
Rencontre avec Barbara Augustin, enseignante de biologie en Sciences de la nature et en Techniques de bioécologie et Marie-Josée Chicoine, enseignante du programme Gestion et intervention en loisir, pour mieux comprendre comment réussir à diversifier les méthodes pédagogiques utilisées en classe.
Trois facteurs clés pour une diversification des méthodes pédagogiques réussie
- Choisir les méthodes en fonction des besoins et des styles d’apprentissages des étudiants et des étudiantes
- Penser d’abord aux apprentissages et aux compétences à développer, puis ensuite aux outils et aux méthodes
- Tester, évaluer et ajuster les méthodes en fonction des résultats obtenus
Les besoins des étudiants et des étudiantes au premier plan
Pour Barbara Augustin, la réflexion sur la diversification des méthodes pédagogiques part toujours des étudiants et des étudiantes. Comme elle enseigne à la formation régulière et à la formation continue, elle est en contact avec une multitude de styles d’apprentissages. « Je suis quelqu’un qui est toujours en train d’essayer de trouver des nouvelles stratégies pour rejoindre le maximum d’étudiants » confie-t-elle.
Même constat pour Marie-Josée Chicoine qui a vu ses classes évoluer au cours des années. « En tant qu’enseignant, on doit réfléchir selon les besoins de tous ceux et celles qui sont dans nos classes. En loisir, 25% des étudiants et des étudiantes éprouvent des difficultés d’apprentissage, donc on n’a pas le choix, on doit diversifier, tester, essayer plein de méthodes différentes qui vont nous permettre de toucher tout le monde ».
Avec l’arrivée de l’enseignement à distance obligé par la pandémie, la diversification des méthodes pédagogiques a dû se faire à une vitesse accélérée. De nouveaux mots sont apparus dans le paysage de la formation collégiale comme synchrone, asynchrone, présentiel et distanciel. Toutes les techniques étaient bonnes pour tenter de transformer des cours qui, jusqu’alors, avaient toujours été donnés en classe. « J’ai vite remarqué que certaines techniques fonctionnaient mieux avec mes groupes de la formation continue, comme les capsules asynchrones, car leurs horaires sont parfois plus compliqués, alors qu’à la formation régulière, le synchrone était nécessaire pour maintenir le lien, mais aussi la concentration et la motivation. De là l’importance de toujours partir des besoins de l’étudiant ou de l’étudiante » souligne madame Augustin.
Les apprentissages d’abord, les outils après
Un des risques qui guette toute personne qui souhaite se lancer dans une diversification de ses méthodes pédagogiques, c’est de mettre en place des nouveaux outils ou des nouvelles plateformes qui sont très tendance, mais pas toujours avantageux d’un point de vue pédagogique. Est-ce qu’une nouvelle technologie est toujours signe de progrès?
En Gestion et intervention en loisir, plusieurs techniques ont été testées au cours des dernières années, en partant toujours des besoins des étudiants et des étudiantes, mais aussi des objectifs d’apprentissages. « La méthode pédagogique doit soutenir les apprentissages visés. Mes étudiants et mes étudiantes ont des compétences spécifiques qui doivent être acquises pendant mon cours. La méthode que je choisis doit donc nécessairement me permettre d’atteindre ces objectifs pédagogiques » explique Marie-Josée Chicoine.
Cette réflexion paraît peut-être simple, mais elle n’est pas toujours facile, comme en témoigne Barbara Augustin:
Il a fallu que je me pose beaucoup de questions, que je réfléchisse à mes intentions pédagogiques. « Qu’est-ce que je veux transmettre et comment je peux adapter mon enseignement pour mieux correspondre à cette intention pédagogique ». Je me suis rendue compte que la manière d’enseigner que j’ai apprise n’est pas nécessairement la seule manière d’enseigner. C’est quelque chose qui m’a particulièrement sauté aux yeux avec la pandémie. J’ai du y revenir constamment : « Quelle est ma réelle intention pédagogique ».
C’est ainsi qu’un cours du programme Techniques de bioécolgie, qui consiste essentiellement à la réalisation de travaux d’équipes, a été complètement revu par madame Augustin et se donne maintenant sur la plateforme Teams. Elle cherchait un moyen de faciliter la collaboration entre les membres d’une même équipe, mais aussi de centraliser les informations liées aux travaux. Les étudiants et les étudiantes collaborent dans les espaces clavardages configurés par équipe, ils enregistrent leurs rencontres en visioconférence, se partagent un plan de travail et y déposent leurs documents. L’équipe enseignante a accès au travail de toutes les équipes et peut répondre aux questions là où elles sont posées. Ce n’est peut-être pas la même chose que de se voir en personne, mais madame Augustin remarque qu’elle reçoit moins de courriels maintenant, puisque les étudiants et les étudiantes ont accès à toute l’information en différé à un seul endroit et peuvent s’y référer au besoin.
Tester, évaluer et ajuster
Bien qu’elles enseignent deux manières presque diamétralement opposées, les deux enseignantes étaient sans équivoque sur la question : il ne faut pas avoir peur de se tromper. Diversifier ses méthodes, c’est faire preuve d’humilité car il se peut qu’on passe à côté de la cible la première fois. Mais l’erreur elle-même devient source d’apprentissage, ont noté les deux pédagogues.
En loisir, on a tout essayé. La classe inversée, la classe renversée, la formation hybride bien avant la pandémie, qui maintenant a été rebaptisé « formation co-modale ». On essaie de créer les situations d’apprentissages les plus authentiques possibles, de se rapprocher le plus possible de ce qui est vécu sur le terrain. Mais après chaque nouveauté, on évalue, on se questionne, on questionne nos étudiants et nos étudiantes et on cherche à voir comment s’améliorer encore la prochaine fois.
Mme Augustin abonde dans le même sens : la rétroaction est nécessaire. Elle permet de s’améliorer et de bien comprendre pourquoi une méthode a mieux fonctionné qu’une autre. Elle sonde donc régulièrement ses étudiants et ses étudiantes. Cela dit, il faut savoir faire la part des choses entre la rétroaction de la classe et l’expertise du pédagogue. « Plus souvent qu’autrement, j’apprends et je m’ajuste suite aux commentaires de la classe. Mais je me fie bien évidemment sur mon expertise aussi! Ce n’est pas parce que les étudiants et étudiantes ont eu à travailler davantage avec une méthode qu’elle n’est pas bonne, bien au contraire! »
En loisir, la diversification des méthodes pédagogiques est une réalité depuis plusieurs années, mais suite au dernier plan stratégique, madame Chicoine note qu’il y a eu une conscience accrue de ces initiatives et des apprentissages qu’on pouvait en retirer. En intégrant un tel objectif dans le Plan, les enseignants et les enseignantes ont été appelés à documenter davantage leurs expériences, ce qui a contribué à consolider certaines approches et à bien préparer l’équipe à l’inimaginable bousculement engendré par la pandémie. « On a pu s’ajuster quand même assez bien. C’était déjà dans nos habitudes d’essayer de nouvelles méthodes, toujours pour rejoindre le plus d’étudiants et d’étudiantes possibles selon nos intentions pédagogiques ».
« On a tellement de possibilités et il y a un monde qui s’est ouvert à nous avec la pandémie… un momentum qui est en branle. On n’enseignera plus jamais de la même manière. Le changement devait venir, et il est venu plus rapidement » conclu Barbara Augustin.
Pour toutes ces raisons, la diversification des méthodes pédagogiques dans les programmes à Saint-Laurent a trouvé sa place au sein des coups de cœur du bilan du Plan stratégique 2015-2020.
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