Journée internationale des droits des femmes : celles qui inspirent St-Lau
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Journée internationale des droits des femmes : celles qui inspirent St-Lau

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Comme chaque année depuis 1977, le 8 mars c’est la Journée internationale des droits des femmes. Pour souligner cette date importante à Saint-Lau, on a donné la parole aux personnes enseignantes et étudiantes pour qu’elles nous parlent de celles qui les inspirent au quotidien et qui ont parfois changé leur vision du monde.

Cela a donné lieu à de belles histoires et anecdotes émouvantes ou drôles, comme lorsque nous avons été accueillies par une personne avec un masque de gorille… Pour savoir pourquoi, rendez-vous en fin d’article (défilez très bas mais lisez d’abord!).

À travers les yeux des personnes étudiantes : hommage aux mères et grands-mères

Gabrielle Lacerte, étudiante en Arts visuels

« C’est ma grand-mère paternelle qui m’inspire le plus : elle s’appelait Estelle Lebel, c’était une grande féministe, professeure d’université. C’est elle qui m’a appris à me faire une place dans la société en tant que femme. Un jour, elle m’a fait monter dans un arbre et m’a fait répéter le serment de la liberté qui stipulait qu’aucun homme n’avait le droit de me dicter ma vie et que j’étais libre de faire ce que je voulais. Elle n’avait pas sa langue dans sa poche et savait remettre les gens à leur place. Elle est décédée mais je pense à elle tous les jours.

L’œuvre qui m’a le plus marquée ? Je dirais « Judith décapitant Holopherne » de Artemisia Gentileschi. C’est un peu violent mais le message est captivant : cela représente deux femmes en train de couper la tête d’un homme qui voulait marier l’une des deux. Le tableau évoque la libération de la femme de l’emprise de l’homme. Ça me parle beaucoup… ».

peinture Judith et sa servante

Oriane Lise Tchouatat Kamdem, étudiante en Sciences humaines profil mathématiques, économie et société

« Mon modèle d’inspiration c’est ma mère, une personne très persévérante qui n’a jamais rien lâché. C’est un vrai modèle d’inspiration pour moi : tous les jours, je me dis que si ma mère y est arrivée alors moi aussi je peux le faire. Ma mère est la première personne de ma famille à avoir quitté le Cameroun pour s’installer au Canada. C’est grâce à elle que je suis là. »

Maude, étudiante en Techniques d’éducation spécialisée

« La femme qui m’inspire le plus c’est ma mère! Elle a traversé beaucoup d’épreuves mais elle a toujours su se relever. De mon côté, mon féminisme se manifeste de plusieurs façons : je signe de nombreuses pétitions pour les droits des femmes et je fais aussi partie d’un centre communautaire LGBTQ+. »

Lucas Tessier, étudiant en Techniques de bioécologie

« La femme qui m’inspire le plus ce serait mon arrière-grand-mère. Elle est décédée à l’âge de 101 ans en 2018. C’était la première de son village à avoir sa propre voiture, c’était énorme à l’époque… J’ai toujours admiré le fait qu’elle prenne autant soin d’elle que des autres. C’était peut-être ça le secret de sa longévité. »

Du côté des personnes enseignantes : autrices, réalisatrices et artistes à l’honneur

Jaëlle Marquis-Gobeille, enseignante de français :

« Céline Sciamma est une réalisatrice française queer très politisée qui m’inspire beaucoup. J’aime sa façon de voir les choses et de ne pas mettre en scène le conflit ni le rapport dominant-dominé. C’est très différent de tout ce qui a été fait auparavant. Elle a une façon unique d’écrire des films, et de les mettre à l’écran. Elle expose aussi des histoires queers qu’on ne voit pas souvent au cinéma.

Mariama Bâ, une autrice sénégalaise décédée en 1981, fait aussi partie des personnes qui m’inspirent et que j’ai la chance d’enseigner en ce moment. Son ouvrage, Une si longue lettre, est une lettre au “je” qu’elle adresse à sa meilleure amie dans laquelle elle réfléchit à sa condition de femme mariée et à la condition des femmes, en général. Elle a été mariée à 3 reprises, et elle a eu 9 enfants, elle était bien placée pour parler de la condition féminine à travers son prisme.

Il y a une œuvre féministe qui inclut les hommes que j’aime beaucoup : Pour l’amour des hommes de Liz Plank. Elle adresse le fait que le féminisme est aussi important pour les hommes que pour les femmes et que les hommes sont également des victimes du patriarcat et des oppressions de genre ».

Olivier Parenteau, enseignant en Littérature

« Il y a une écrivaine française contemporaine que je trouve très inspirante : Sophie Divry. Son œuvre intitulée Quand le diable sortit de la salle de bains est une œuvre atypique que j’ai eu la chance d’enseigner. Il y est question d’une femme chômeuse qui survit comme elle peut, et qui entretient une relation très particulière avec sa mère. Plus on progresse dans le roman, plus on comprend que ce qu’elle veut vraiment c’est se consacrer à l’écriture. On sent qu’elle souhaite davantage « lâcher prise » pour avoir le courage de se lancer dans une carrière littéraire malgré toute l’insécurité qui y est reliée. C’est un roman comique avec certains passages scatologiques et toute une série de jeux narratifs très amusants. Je le recommande à tout le monde !

L’autre autrice qui ne passe pas inaperçue, c’est Nelly Arcan. Une autrice québécoise qui a sévi dans les années 2000. Elle a commencé avec un roman qui a fait l’effet d’une bombe à sa sortie : Putain. Elle a enchainé avec Folle.

Des titres très forts et parfois violents qui ont changé ma vision du monde et des femmes dans la littérature. Les femmes qu’elle met en scène sont des femmes qui choisissent de se conformer aux stéréotypes de la « femme ultime » et qui font tout pour y arriver. Mais qui finissent par se détester simultanément dans ce processus. C’est une autrice qui a réussi à changer mon regard en tant qu’homme aussi : Nelly Arcan a perturbé la division binaire qu’on pouvait faire entre hommes et femmes jusque-là ».

Julie-Andrée Rostan, enseignante en Arts visuels

« Les Guerrilla Girls m’inspirent beaucoup : il s’agit d’un groupe de femmes activistes dans le milieu des arts qui mettent en lumière les inégalités qui existent dans le milieu artistique depuis toujours. Elles dénoncent les inégalités au niveau des races, des genres et des inégalités sociales en général.

C’est un collectif anonyme, d’où le port du masque de gorille, pour préserver leur anonymat. Dans les années 80, elles faisaient le tour des galeries new-yorkaises pour demander aux propriétaires combien de femmes étaient présentes dans leurs collections. Ensuite, ça paraissait dans le New York Times et ça faisait jaser… Certaines galeries n’avaient juste pas de femme du tout ! Il y avait un côté très cynique et très provocateur dans leurs actions.

Au Québec, on a quand même un milieu plus égalitaire qu’ailleurs, je trouve. Je pense notamment à Rebecca Belmore : une artiste canadienne issue des minorités autochtones qui travaille contre les violences faites au peuple autochtone et dont le travail de mémoire est reconnu (elle a eu une rétrospective au MAC). Il y a beaucoup de femmes artistes connues et reconnues au Québec et pas seulement parce qu’elles sont femmes, mais parce qu’elles sont douées. L’art ne devrait pas être genré…

À mon niveau, en tant que prof au Cégep, j’essaie au maximum de montrer des femmes artistes, mais l’histoire de l’art a été exclusivement écrite par des hommes alors c’est tout un défi à enseigner ! À l’heure actuelle, c’est un peu plus égalitaire, mais on a encore du chemin à faire, il y aura toujours des inégalités et des stéréotypes contre lesquels se battre ».

 

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Daisy Le Corre

Personnel professionnel